Retour à la page Année en cours

Résumés des articles du n°114 de l'Information grammaticale

Juin 2007

P. Swiggers - G. Petrequin, La métalexicographie. Contours et perspectives d’une (sous-)discipline, 114, p. 7-10.

Résumé

Cet article-programme vise à circonscrire le champ de la métalexicographie, en rapport avec tout type d’activité lexicographique. La métalexicographie est subdivisée en un volet historique et un volet achronique. Ce dernier, de nature explicitement méthodologique, englobe les dimensions axiomatique, méthodique, heuristique et herméneutique de la description lexicographique ; chacune de ces dimensions est brièvement commentée. La métalexicographie historique peut répondre à une double orientation : synthétique ou analytique. Dans une vue plus globale, la métalexicographie repose sur, et fournit des matériaux à, la méta-métalexicographie, les deux se rapportant finalement à l’activité lexicographique proprement duite. L’ensemble (méta-)métalexicographique bénéficie de l’appui de l’épi-métalexicographie, qui constitue un auxiliaire philologique, prosopographique et bibliographique.

 

Abstract

This programmatic article attempts to delineate the field of metalexicography, connected with all types of lexicographical activity. Metalexicography is subdivided into an historical and achronical layer. The latter, which is of an explicitly methodological nature, comprises the axiomatic, methodical, heuristic and hermeneutical dimensions of lexicographical description; each of these dimensions is briefly discussed. Historical metalexicography is subject to two orientations: a synthetic or an analytic one. Within a more comprehensive view, metalexicography offers materials for, and is based upon meta-metalexicography; eventually both are related to lexicographical activity properly speaking. The (meta)metalexicographical domain benefits from the contribution of epi-metalexicography, which constitutes a philological, prosopographical and bibliographical auxiliary tool.


Gilles Siouffi, Le Dictionnaire françois face à la compétence des locuteurs, 114, p. 11-19.

Résumé

Cette contribution se propose de lire le projet du Dictionnaire françois dans la continuité de l’appel au sentiment du locuteur qui s’est fait jour dans les publications sur la langue depuis la parution des Remarques de Vaugelas en 1647. Face aux spécificités affichées par les entreprises de l’Académie et de Furetière, il nous a semblé qu’il était entré dans l’intention de Richelet de solliciter davantage l’autorité des locuteurs, qu’il s’agisse de locuteurs individuels (" maîtres de la langue ") ou de locuteurs collectifs (métiers, milieux, etc.). Après avoir replacé la parution du Dictionnaire françois dans le contexte d’une montée du rôle de l’individu et de la subjectivité dans les questions de langue depuis les années 1630, nous posons ici la question du rapport entre cet appel à l’expertise individuelle et la mise en place de la notion générale d’usage. Ce conflit, croyons-nous est au cœur des polémiques qui entourèrent bien des recueils de remarques de l’époque, ainsi que des difficultés que rencontrèrent les entreprises de dictionnaire pour s’imposer. Nous nous demandons ensuite si cet appel à la compétence du locuteur est majoritairement technique, dans le Dictionnaire françois, autrement dit s’il " instancie " le locuteur, ou s’il laisse le champ ouvert à l’approche subjective. Ce débat est important à un moment où les théories de l’ " honnêteté " ont tendance à s’opposer à la montée des connaissances techniques en matière de langue. La question de la subjectivité est examinée sous deux aspects : tout d’abord au travers de l’inscription dans le dictionnaire du " ressenti " des mots (prononciation, choix lexicaux, etc), ensuite dans le rapport du Dictionnaire françois aux " rafineurs ", autrement dit à ceux qui investissent de façon excessive et normative le champ de la subjectivité. Enfin, nous terminons par un regard porté sur le célèbre article " Stile ", envisagé moins comme une redéfinition du littéraire que comme la manifestation d’un infléchissement dans le rapport à la langue. De manière paradoxale dans un dictionnaire, celui-ci a en effet tendance à donner une importance plus grande aux phénomènes de discours (cf. Lamy), si bien qu’un regard global sur la langue n’est plus incompatible avec la prise en compte d’idiosyncrasies discursives. Au total, nous nous proposons ici de voir dans le Dictionnaire françois un jalon important dans le développement futur, au tournant du siècle, d’un " goût de la langue " propre à renouveler la théorie du bon usage.

 

Anglais

 

Since Vaugelas’ Remarques sur la langue françoise (1647), the speaker’s appreciation of the turns of phrase he uses has been exposed in a significant number of publications on the French Language. This paper intends to show that, apart from the Academy and Furetière’s Dictionary, Richelet’s Dictionnaire françois continues the trend. The opinion of individual speakers and of professional circles is often referred to. The first part of the paper reviews the history of the conflict between individual expertise and theories of bon usage since the 1630s. This conflict partly explains why the different projects of to write a " Dictionnaire françois " that were competing throughout the 17th century had so much trouble coming to fruition. The second part examines whether the speaker is considered in the Dictionnaire françois as the bearer of a subjective opinion, or as a member of an institutionalized group. This debate is important at a moment when theories of honnêteté tend to limit the place of technical knowledge in the field of culture. The third part examines the judgements based on pronunciation, choice of words, etc., as part of a general relationship towards the material form of language. It also analyses the position of the Dictionnaire towards those who are called rafineurs, that it is to say those affected with a tendency towards normativity and subtlety. Finally, the paper takes a closer look at the famous article " Stile ", considered less as a definition of literary expression than as a specific discourse on epilinguistic feelings. As a conclusion, we suggest R’s enterprise should be seen as a landmark in the goût de la langue that renovates, at the end of the 17th century, the two majors trends of remarques and of dictionnaires that formed the basis of French metalinguistic discourse up to that point.


Christophe Rey, La grammaire dans le Dictionnaire françois (1680) de César-Pierre Richelet, 114, p. 20-24.

Résumé

Notre article propose une introspection au cœur du vocabulaire grammatical explicitement recensé par le Dictionnaire françois (1680) de César-Pierre Richelet. En nous appuyant sur une comparaison avec le Dictionnaire Universel (1690) de Furetière et le Dictionnaire de l'Académie française (1694), nous cherchons à dessiner les premiers contours de l'apport lexical livré par ce dictionnaire sur cette thématique bien précise.

 

Abstract

Our article offers an introspection into the core of the grammatical vocabulary explicitly listed in César-Pierre Richelet’s Dictionnaire françois (1680). Basing our work on a comparison between Furetière’s Dictionnaire Universel (1690) and the Dictionnaire de l'Académie française (1694), we aim to bring out the lexical contribution made by the abovementioned dictionary on this very theme.


Petrequin G., Les emprunts anonymes dans le Dictionnaire françois de Richelet (1680) et leur importance pour la lexicologie, 114, p. 29-33.

Résumé 

Il se rencontre dans le Dictionnaire françois de Richelet (Genève 1680) deux types majeurs de définitions lexicales. Les premières, généralement de nature technique, sont empruntées à des ouvrages faisant autorité à l’époque où parut le dictionnaire : elles sont le plus souvent signées du nom de leur auteur. Les secondes, anonymes, sont généralement considérées comme dues à la plume de Richelet ou de l’un de ses collaborateurs. Cet article montre qu’un certain nombre de définitions anonymes sont également empruntées à des sources très diverses, dans des domaines aussi différents que le droit, la médecine ou l’architecture. Plus surprenant, de nombreux mots de la langue courante, dans le domaine des sentiments ou des émotions, sont aussi définis par des définitions constituées de citations empruntées tacitement à la traduction française de la Rhétorique d’Aristote, traduction procurée par F. Cassandre, l’un des collaborateurs du Dictionnaire françois. La prise en compte de ce phénomène d’intertextualité dans le champ définitionnel oblige à une réévaluation de l’analyse lexicologique transmise par notre dictionnaire.

 

Abstract

Two major types of lexical definitions can be found in Richelet’s Dictionnaire françois (Geneva 1680). The first, generally of technical nature, were taken from authoritative works of the time: in most cases their authors’ name were given. The second, this time anonymous, are generally thought to be in the Richelet’s hand or that of one of his collaborators. This article shows that a certain amount of anonymous definitions were also taken from very diverse sources, from areas as different as law, medicine or architecture. More surprisingly, numerous words of everyday language expressing feelings or emotions are also explained by definitions tacitly taken from the French translation of Aristotle’s Rhetoric, the translation of which was procured by F. Cassandre, one of the collaborators of the Dictionnaire françois. The taking into account of the phenomenon of intertextuality in the field of definitions has made it necessary to reevaluate the lexicological analysis transmitted by our dictionary.

 


Swiggers P., Physionomie et articulation d’un dictionnaire contrastif. Le grand dictionaire françois-flamen de Mellema, 114, p. 39-45.

Résumé

L’article fournit un examen, selon les principes de la métalexicographie (historique), du dictionnaire français-flamand de Mellema (dans l’édition de 1618), qui est d’abord situé dans la tradition des dictionnaires bilingues (français-flamand) publiés dans les anciens Pays-Bas. L’examen métalexicographique porte sur la macro-organisation du dictionnaire, sur la forme matérielle de présentation et, de façon plus approfondie, sur les principes de base de la démarche du lexicographe : le rapport entre données lexicologiques et encyclopédiques, les types d’entrées, l’inclusion de définitions et d’autres informations lexicographiques.

 

Abstract

This article offers a study, adopting the principles of (historical) metalexicography, of the French-Flemish dictionary of Mellema (in its 1618 edition), which is situated in the tradition of bilingual (French-Flemish) dictionaries published in the former Low Countries. The metahistoriographical study involves the macro-organization of the dictionary, the material form of presentation, and, in a more detailed way, the basic principles of the lexicographer’s approach: the relation between lexical and encyclopaedic data, the various types of entries, the inclusion of definitions and other lexicographical informations.